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seconde patrie.

heures, ne serait-il pas trop tard pour aller à la recherche du navire ?… D’ailleurs, en cas que son mouillage ne lui offrit pas un abri sûr, il lde quitterait sans doute, et, avec ces vents d’ouest, il aurait rapidement perdu de vue les côtes de la Nouvelle-Suisse.

D’autre part, Ernest fit valoir cette raison : Peut-être le bâtiment tenterait-il de se réfugier dans la baie du Salut, s’il venait à doubler le cap par l’est ?…

« C’est possible, en effet, répondit M. Zermatt, et c’est même désirable, à la condition que nous n’ayons pas affaire à des pirates…

— Aussi nous veillerons, père, dit François. Nous veillerons toute la journée… toute la nuit…

— Et encore, si nous pouvions nous rendre à Prospect-Hill ou seulement à Falkenhorst, ajouta Jack, nous serions mieux placés pour observer le large! »

Évidemment, mais il n’y fallait pas songer. Pendant l’après-midi, le temps devint plus mauvais. La fureur des rafales redoubla. La pluie tombait si abondante que les eaux du ruisseau des Chacals débordèrent, et le pont de Famille faillit être emporté. M. Zermatt et ses fils restèrent constamment sur le qui-vive et ils eurent fort à faire pour empêcher l’inondation d’envahir l’enclos de Felsenheim. Betsie et Jenny ne purent mettre le pied dehors. Jamais journée ne s’écoula plus tristement, et n’était-il