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seconde patrie.

opposé. Au cas où une chaloupe détachée du bâtiment eût doublé l’extrême pointe, le kaïak aurait pu se dissimuler derrière les récifs et rester en observation.

Il ne fallut pas moins de deux heures pour atteindre le cap, car la distance dépassait deux lieues. Avec la brise qui venait du nord, la petite voile n’aurait pu servir. Il est vrai, la marée descendante avait favorisé la marche de la légère embarcation.

C’était la première fois que ce cap allait être franchi depuis que la famille Zermatt avait trouvé refuge dans la baie du Salut. Quel contraste avec le cap de l’Espoir-Trompé, qui se dessinait à quatre lieues de là dans le nord-ouest! Quelle aridité présentait cette partie orientale de la Nouvelle-Suisse ! La côte, semée de dunes sablonneuses, hérissée de roches noirâtres, se bordait d’écueils qui se prolongeaient de plusieurs centaines de toises au delà du promontoire contre lequel la houle du large, même par beau temps, brisait toujours avec violence.

Lorsque le kaïak eut contourné les dernières roches, le littoral est se développa aux regards de Fritz et de Jack. Il descendait presque nord et sud, en limitant la Nouvelle-Suisse de ce côté. Donc, à moins que ce ne fût une île, c’était par le sud que cette terre se fût rattachée à un continent.

Le kaïak longeait le rivage, de manière à se