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seconde patrie.

fut plus qu’à trois encablures de la corvette, les deux sauvages firent entendre un langage absolument incompréhensible.

Le lieutenant Littlestone et ses officiers agitèrent leurs mouchoirs, ils levèrent la main pour indiquer qu’ils étaient sans armes. Le kaïak ne parut pas disposé à s’avancer davantage. Un instant après, il s’éloignait rapidement et disparaissait derrière le promontoire.

La nuit étant close, le lieutenant Littlestone consulta ses officiers sur l’opportunité qu’il y aurait d’envoyer la grande chaloupe reconnaître la côte septentrionale. En effet, la situation voulait être éclaircie. Ce n’étaient point des indigènes qui avaient tiré les coups de canon entendus dans la matinée. On ne pouvait mettre en doute qu’il n’y eût à l’ouest de l’île un navire peut-être en détresse et qui demandait du secours.

Il fut donc décidé qu’une reconnaissance serait effectuée le lendemain en cette direction, et la chaloupe allait être mise à la mer à neuf heures du matin, lorsque le lieutenant Littlestone arrêta la manœuvre.

À la pointe du cap venait d’apparaître non plus un kaïak ni une de ces pirogues dont les naturels font usage, mais un léger bâtiment, de construction moderne, une pinasse d’une quinzaine de tonneaux. Dès qu’elle se fut approchée de la Licorne, elle hissa un pavillon blanc et rouge.