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seconde patrie.

embrassant Betsie, tu m’as compris !… Oui !… ce serait presque de l’ingratitude envers la Providence que d’abandonner notre Nouvelle-Suisse !… Mais il ne s’agit pas de nous seulement… Nos enfants…

— Nos enfants ?… répondit Betsie. Qu’ils tiennent à retourner dans leur patrie, je le comprends… Ils sont jeunes… ils ont l’avenir pour eux… et bien que leur absence doive nous causer un gros chagrin, il convient de les laisser libres…

— Tu as raison, Betsie, et là-dessus je pense comme toi…

— Que nos fils s’embarquent sur la Licorne, mon ami… S’ils partent, ils reviendront…

— Et puis, songeons à Jenny, dit M. Zermatt. Nous ne pouvons oublier que son père, le colonel Montrose, est de retour en Angleterre depuis deux ans… que depuis deux ans il la pleure… Ce n’est que trop naturel qu’elle veuille revoir son père…

— Et ce ne sera pas sans en éprouver grande tristesse que nous verrons partir celle qui est devenue notre fille… répondit Betsie. Fritz a pour elle une affection profonde… affection qui est partagée !… Mais nous ne pouvons disposer de Jenny. »

M. et Mme  Zermatt causèrent longuement de toutes ces choses. Ils comprenaient bien les conséquences qu’entraînait le changement survenu dans leur situation, et le sommeil ne leur