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seconde patrie.

laissaient, le lieutenant Littlestone les avait passées dans l’intimité de la famille Zermatt. On espérait bien que dans moins d’un an, après avoir relâché au Cap, après avoir reçu à Londres les ordres de l’Amirauté relativement à la colonie, il reviendrait prendre possession officielle de celle-ci au nom de la Grande-Bretagne. Au retour de la Licorne, la famille Zermatt serait à jamais réunie.

Enfin arriva le 19 octobre.

Dès la veille, la corvette, qui avait quitté la baie de la Licorne, était venue jeter l’ancre à une encablure de l’îlot du Requin.

Triste journée pour M. et Mme Zermatt, pour Ernest et Jack, desquels Fritz, François et Jenny allaient se séparer le lendemain, comme elle le fut pour M. et Mme Wolston, puisque leu fille Doll partait aussi. Il n’aurait pas fallu demander à tous ces braves cœurs une fermeté au-dessus de leurs forces, et comment au raient-ils pu retenir leurs larmes ?…

M. Zermatt essaya de dissimuler son attendrissement, mais il n’y réussit guère. Quant à Betsie et à Jenny, elles pleurèrent dans les bras l’une de l’autre, — larmes de mère et de fille. Au petit jour, la chaloupe conduisit les passagers à l’îlot du Requin. M. et Mme Zermatt, Ernest et Jack, M. et Mme Wolston et leur fille aînée les accompagnaient.

Ce fut là, sur cet îlot, à l’entrée de la baie du Salut, que s’échangèrent les derniers adieux,