Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

65
seconde patrie.

À l’entrée de la baie du Salut, en face de Falkenhorst, gisait un îlot d’une demi-lieue de tour, et on le dénomma îlot du Requin, parce qu’un de ces énormes squales s’y échoua le jour où le bateau de cuves ramenait à Zeltheim les animaux domestiques.

Si un requin avait permis de désigner ainsi cet îlot, ce fut une baleine qui, à quelques jours de là, donna son nom à un autre d’un quart de lieue de circonférence, situé devant la petite baie des Flamants, au nord de Falkenhorst. La communication entre cette demeure aérienne et Zeltheim, distants l’un de l’autre d’une lieue environ, fut facilitée par la construction du pont de Famille, auquel on substitua plus tard un pont tournant, jeté sur le ruisseau des Chacals.

Après les premières semaines passées sous la tente, le beau temps n’ayant pas pris fin avant l’achèvement de Falkenhorst, M. Zermatt s’y transporta avec les animaux domestiques. Les énormes racines du manglier, recouvertes de toiles goudronnées, servirent d’étables. Aucune race de fauves n’avait été relevée jusqu’alors.

Cependant il fallait songer à se prémunir contre le retour de la saison hivernale, sinon froide, du moins troublée par ces violentes bourrasques de la zone intertropicale, qui durent le neuf à dix semaines. Habiter Zeltheim, où serait emmagasiné le matériel du Landlord, c’était risquer la précieuse cargaison sauvée du naufrage. Ce campement ne pouvait donc don-