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Du reste, il ne semblait pas que la Nouvelle-Suisse fût habitée dans les parties voisines du district. Elle devait être assez étendue, et un jour, en poussant une reconnaissance vers le sud jusqu’à la barrière rocheuse que traversait le défilé de Cluse, M. Zermatt et ses fils avaient atteint le revers d’une vallée verdoyante, la vallée de Grünthal. De là se développait aux regards un large horizon fermé par une chaîne de montagnes dont la distance pouvait être évaluée à une dizaine de lieues. Des tribus sauvages parcouraient-elles cette contrée, c’était une éventualité qui n’était pas sans causer une sérieuse inquiétude. Dans tous les cas, on n’en vit jamais aux environs de la Terre-Promise. Les seuls dangers vinrent de l’attaque de quelques fauves redoutables, en dehors du district, ours, tigres, lions, serpents, — entre autres un boa d’énorme taille, dont l’âne fut la victime, et qui s’était introduit jusqu’aux environs de Felsenheim.

Voici les productions indigènes, desquelles M. Zermatt tira bon profit, car il possédait des connaissances très complètes en histoire naturelle, botanique et géologie. Un arbre, ressemblant au figuier sauvage dont l’écorce crevassée distillait une résine, donna le caoutchouc, qui permit de fabriquer, entre autres objets, des bottes imperméables. Sur certains arbustes, réunis en fourrés, du genre « myrica cerifera », on récolta une sorte de cire qui fut employée à