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seconde patrie.


– Et vous, capitaine, observa la jeune femme, il ne faut pas encore vous exposer…

– Je n’ai plus rien à craindre, répondit Harry Gould.

– Jenny… je te le répète, rentre… il n’est que temps ! » dit Fritz.

Jenny, Doll et Suzan se réfugièrent dans la caverne au moment où la pluie, mêlée de grêlons, s’abattait comme une mitraille.

Harry Gould, le bosseman, Fritz, François, James, restés près de l’embarcation, avaient grand’peine à résister aux rafales qui balayaient la grève. Déjà, en déferlant, les lames jetaient leur embrun sur toute l’étendue de la baie.

Le danger était grand. Serait-il possible de maintenir la chaloupe contre les chocs qui la faisaient violemment rouler d’un flanc sur l’autre ?… Et, pourtant, si elle venait à se briser, comment Harry Gould et ses compagnons pourraient-ils s’éloigner de cette côte avant l’hiver ?…

Ils étaient tous les cinq, et quand la mer, poussée plus avant, soulevait l’embarcation, ils s’accrochaient à ses flancs afin de l’immobiliser.

Bientôt l’orage fut dans toute sa force. En vingt endroits se déchaînaient de larges éclairs. Lorsque la foudre frappait les contreforts, on entendait les débris tomber sur le lit de goémons. Ah ! s’ils avaient pu l’éventrer, cette falaise, y faire brèche comme le boulet dans une