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seconde patrie.

troduire et de gagner le plateau supérieur.

Harry Gould, Fritz et John Block inventorièrent ce qui restait du matériel de l’embarcation. Il comprenait le mât, la misaine et le foc, les agrès, les amarres, le gouvernail, les avirons, le grappin et sa chaîne, les planches des bancs et les barils d’eau douce. De la plupart de ces objets à demi brisés, on ne saurait sans doute faire usage.

« Le malheur nous a cruellement éprouvés !… dit Fritz. Si, encore, nous n’avions pas ces pauvres femmes avec nous… trois femmes et un enfant !… Quel sort les attend au fond de cette grève que nous ne pouvons plus même abandonner ! »

François, quelle que fût sa confiance en Dieu, garda le silence, cette fois, et qu’aurait-il pu dire ?…

Cependant John Block se demandait si la tempête n’avait pas causé d’autres désastres aux naufragés, – ne méritaient-ils pas ce nom ?… N’était-il pas à craindre que les tortues n’eussent été détruites par les lames, leurs œufs écrasés dans les affouillements du sable ?… Quelle irréparable perte si cette ressource venait à manquer !

Le bosseman, ayant fait signe à François de le rejoindre, lui dit quelques mots à voix basse. Puis tous deux, franchissant le promontoire, redescendirent sur la crique qu’ils voulaient visiter jusqu’au morne.