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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/33

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seconde patrie.

John Block sentit un léger souffle passer sur ses joues, si durcies qu’elles fussent par le hâle de la mer.

« Est-ce que le vent voudrait se lever ?… » murmura-t-il en se redressant.

Aussitôt, après s’être tourné du côté du sud, il tendit son index mouillé de salive. Pas de doute, une certaine sensation de fraîcheur se produisit par évaporation, en même temps que se faisait entendre un clapotis lointain.

S’adressant alors au passager assis sur le banc du milieu près de l’une des passagères :

« Monsieur Fritz !… » dit-il.

Celui-ci releva la tête, et se penchant :

« Que me voulez-vous, bosseman ?… demanda-t-il.

– Regardez là-bas… dans la direction de l’est…

– Que voyez-vous donc ?…

– Si je ne me trompe, il y a comme une bande d’éclaircie au ras de la mer… »

En effet, de ce côté, une ligne moins sombre s’étendait au-dessus de l’horizon. Le périmètre du ciel et de l’eau se dégageait avec une certaine netteté. On eût dit que la voûte des vapeurs venait de se fendre en cet endroit, et peut-être les courants atmosphériques pénétreraient-ils par cette fissure qui s’élargissait peu à peu.

« C’est du vent !… » affirma le bosseman.

Il est vrai, ne pouvait-il se faire que les va-