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seconde patrie.

plis de la voile se détendirent, se refermèrent, se rouvrirent, et l’écoute battit contre son taquet. Il est vrai, le vent n’avait pas la force de gonfler les grosses toiles de la misaine et du foc. Il fallut patienter en orientant l’embarcation du mieux possible au moyen de la godille.

Un quart d’heure plus tard, la marche s’accusait par un léger sillage.

À ce moment, l’un des passagers couché à l’avant, après s’être levé, regarda la lézarde entre les nuages de l’est. Puis, passant de banc en banc, il rejoignit le bosseman.

« La brise ?… dit-il.

– Oui, répondit John Block. Je crois que nous la tenons, cette fois, comme un oiseau que l’on tient dans la main… et nous ne la laisserons pas échapper !»

Le vent commençait à se propager régulièrement à travers la trouée, par laquelle devaient se glisser les premiers rayons du jour. Cependant, depuis le sud-est jusqu’au sud-ouest, sur les trois quarts du périmètre dans les profondeurs du zénith, les vapeurs accumulaient encore leurs masses épaisses. La vue se limitait à quelques encablures de l’embarcation, au-delà desquelles un navire n’aurait pu être aperçu.

La brise ayant fraîchi, il fallut raidir l’écoute, étarquer la misaine dont la drisse avait molli, et arriver de quelques points afin de donner prise au foc.

« Nous la tenons… nous la tenons ! » répétait