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seconde patrie.

embarcation menacée par les rafales, ballottée par les lames, à demi remplie par des coups de mer, ils fouleraient du pied une terre solide !… On s’installerait dans quelque caverne à l’abri du mauvais temps… on trouverait peut-être un sol fertile, de la verdure, des racines comestibles, nombre de ces fruits si communs des zones intertropicales… Là, enfin, on pourrait attendre, sans avoir à redouter ni la faim ni la soif, le passage d’un navire !… Ce navire apercevrait les signaux… il viendrait au secours des abandonnés!… Oui! tout cela leur apparaissait à travers les mirages de l’espérance !…

Quant à cette côte entrevue, appartenait-elle à quelque groupe des îles situées au delà du tropique du Capricorne ?… C’était là ce dont le bosseman et Fritz parlaient à voix basse. Jenny et Doll avaient repris leur place au fond de l’embarcation, et le petit garçon dormait entre les bras de Mme Wolston. Il avait fallu reporter sous le tillac le capitaine Gould dévoré de fièvre. Là Jenny imbibait d’eau fraîche les compresses de sa tête.

Et alors, Fritz de se livrer à des hypothèses, peu rassurantes en somme. Il ne doutait pas que le Flag, depuis que la révolte avait éclaté à bord, n’eût fait longue route vers l’est durant ces huit jours. Dans ce cas, la chaloupe aurait été mise à la mer sur cette portion de l’océan Pacifique, où les cartes n’indiquent que de rares îles, Amsterdam et Saint-Paul, ou, plus au sud,