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Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/101

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le numéro 9672.

Près de trois jours à attendre cette réponse ! Comme ils parurent longs ! Cependant, à force de paroles rassurantes, d’encourageantes raisons, le professeur parvint à rendre moins pénible cette attente. Maintenant qu’il connaissait le secret de Hulda, n’avait-il pas un sujet de conversation tout indiqué, et quelle consolation c’était pour Joël et sa sœur de pouvoir sans cesse parler de l’absent !

« À présent, ne suis-je pas de votre famille ? répétait Sylvius Hog. Oui !… quelque chose comme un oncle qui vous serait arrivé d’Amérique – ou d’ailleurs ? »

Et, puisqu’il était de la famille, on ne devait plus avoir de secrets pour lui.

Or, il n’était pas sans avoir remarqué l’attitude des deux enfants vis-à-vis de leur mère. La réserve dans laquelle dame Hansen affectait de se tenir devait avoir, selon lui, un autre motif que l’inquiétude où l’on était sur le compte de Ole Kamp. Il crut donc pouvoir en parler à Joël. Celui-ci ne sut que lui répondre. Il voulut alors pressentir dame Hansen à ce sujet ; mais elle se montra si fermée qu’il dut renoncer à connaître ses secrets. L’avenir les lui apprendrait sans doute.

Ainsi que l’avait prévu Sylvius Hog, la réponse de Help junior arriva à Dal dans la matinée du 13. Joël était allé, dès l’aube, au-devant du courrier. Ce fut lui qui apporta la lettre dans la grande salle où le professeur se trouvait avec dame Hansen et sa fille.

Il y eut d’abord un moment de silence. Hulda, toute pâle, n’aurait pu parler, tant l’émotion lui faisait battre le cœur. Elle avait pris la main de son frère, aussi ému qu’elle.

Sylvius Hog ouvrit la lettre et la lut à haute voix.

À son grand regret, cette réponse de Help junior ne contenait que de vagues indications, et le professeur ne put cacher son désappointement aux jeunes gens qui l’écoutaient, les larmes aux yeux.

Le Viken avait effectivement quitté Saint-Pierre-Miquelon à la date indiquée dans la dernière lettre de Ole Kamp. On l’avait appris de la façon la plus formelle par d’autres bâtiments qui étaient arrivés à Bergen depuis son départ de Terre-Neuve. Ces navires ne l’avaient point rencontré sur leur route. Mais eux aussi avaient éprouvé de gros mauvais temps dans les parages de l’Islande.