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un billet de loterie.

La pauvre Hulda, défaillante, était tombée sur une chaise, pendant que Sylvius Hog lisait cette lettre ; elle sanglotait, quand il en eut achevé la lecture.

Joël, les bras croisés, avait écouté sans mot dire, sans même oser regarder sa sœur.

Dame Hansen, après que Sylvius Hog eut cessé de lire, s’était retirée dans sa chambre. Il semblait qu’elle se fût attendue à ce malheur comme elle s’attendait à bien d’autres !

Le professeur fit alors signe à Hulda et à son frère de se rapprocher de lui. Il voulait encore leur parler de Ole Kamp, leur dire tout ce que son imagination lui suggérait de plus ou moins plausible, et il s’exprima avec une assurance au moins singulière après la lettre de Help junior. Non ! – il en avait le pressentiment ! – non, rien n’était désespéré. N’y avait-il pas maint exemple de plus longs retards éprouvés au cours d’une navigation dans ces mers qui s’étendent de la Norvège à Terre-Neuve ? Oui, sans aucun doute ! Le Viken n’était-il pas un solide navire, bien commandé, avec un bon équipage, et, par conséquent, dans des conditions meilleures que les autres bâtiments qui étaient revenus au port ? Incontestablement.

– Espérons donc, mes chers enfants, ajouta-t-il, et attendons ! Si le Viken eût fait naufrage entre l’Islande et Terre-Neuve, les nombreux navires qui suivent constamment cette route pour revenir en Europe n’en auraient-ils pas retrouvé quelque épave ? Eh bien, non ! Pas un seul débris n’a été rencontré dans ces parages si fréquentés au retour de la grande pêche ! Néanmoins, il faut agir, il faut obtenir des renseignements plus certains. Si, pendant cette semaine, nous sommes encore sans nouvelles du Viken ou sans lettre de Ole, je retournerai à Christiania, je m’adresserai à la Marine, qui fera des recherches, et, j’en ai la conviction, elles aboutiront pour notre satisfaction à tous !

Quelque confiance que montrât le professeur, Joël et Hulda sentaient bien qu’il ne parlait plus maintenant comme il le faisait avant d’avoir reçu la lettre de Bergen – lettre dont les termes ne devaient leur laisser que bien peu d’espoir. Sylvius Hog n’osait plus à présent faire allusion au mariage prochain de Hulda et de Ole Kamp. Et, pourtant, il répéta avec une force qui imposait :