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un billet de loterie.

C’était une quittance de la somme due par dame Hansen, et pour laquelle elle avait donné en garantie la maison de Dal.

Dame Hansen, les mains suppliantes, à demi courbée, regardait, implorait sa fille…

« Et maintenant, reprit Sandgoïst, ce billet… je le veux !… Je le veux aujourd’hui… à l’instant !… Je ne quitterai pas Dal sans l’emporter !… Je le veux, Hulda !… Je le veux ! »

Sandgoïst s’était approché de la pauvre fille, comme s’il eût voulu la fouiller pour lui arracher le billet de Ole… Ce fut là plus que ne put supporter Joël, surtout quand il entendit Hulda crier :

« Frère !… frère !

– Sortirez-vous ! » dit-il.

Et, comme Sandgoïst refusait de sortir, il allait s’élancer sur lui, lorsque Hulda intervint.

« Ma mère, voici le billet ! » dit-elle.

Dame Hansen avait vivement saisi le billet, et, pendant qu’elle l’échangeait contre la quittance de Sandgoïst, Hulda tombait sur le fauteuil, presque sans connaissance.

« Hulda !… Hulda !… s’écria Joël. Reviens à toi !… Ah ! ma sœur, qu’as-tu fait ?

– Ce qu’elle a fait ? répondit dame Hansen. Ce qu’elle a fait ?… Oui, je suis coupable ! Oui ! dans l’intérêt de mes enfants, j’ai voulu accroître le bien de leur père ! Oui ! J’ai compromis l’avenir ! J’ai appelé la misère sur cette maison… Mais Hulda nous a sauvés tous !… Voilà ce qu’elle a fait !… Merci, Hulda… merci ! »

Sandgoïst était toujours là. Joël l’aperçut.

« Vous… ici… encore ! » s’écria-t-il.

Puis, allant vers Sandgoïst, il le prit par les épaules, il le souleva, et, malgré sa résistance, malgré ses cris, il le jeta dehors.