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le numéro 9672.

de villas et de chalets, à demi perdus dans la verdure presque noire des sapins, au milieu de ces légères vapeurs qui leur donnent ce « flou » spécial aux régions hyperboréennes.

Sylvius Hog était donc enfin de retour à Christiania. Il est vrai, ce retour s’accomplissait dans des conditions qu’il n’aurait jamais pu prévoir, au milieu d’un voyage interrompu. Eh bien ! il en serait quitte pour le recommencer une autre année ! En ce moment, il ne s’agissait que de Joël et de Hulda Hansen. S’il ne les avait pas fait descendre dans sa maison, c’est qu’il eût fallu deux chambres pour les recevoir. Bien certainement, le vieux Pink, la vieille Kate leur auraient fait bon accueil ! Mais on n’avait pas eu le temps de se préparer. Aussi le professeur les avait-il conduits à l’Hôtel Victoria et recommandés particulièrement. Or, une recommandation de Sylvius Hog, député au Storthing, cela valait qu’on en tînt compte.

Mais, en même temps que le professeur demandait pour ses protégés les attentions qu’on aurait eues pour lui-même, il n’avait point donné leurs noms. Garder l’incognito, tout d’abord, cela ne lui paraissait que prudent à l’endroit de Joël et surtout de Hulda Hansen. On sait quel bruit s’était fait autour de la jeune fille, ce qui eût été une gêne pour elle. Mieux valait ne rien dire de son arrivée à Christiania.

Il avait été convenu que, le lendemain, Sylvius Hog ne reverrait pas le frère et la sœur avant l’heure du déjeuner, c’est-à-dire entre onze heures et midi.

Le professeur, en effet, avait quelques affaires à régler, qui devaient lui prendre toute la matinée ; et il viendrait rejoindre Hulda et Joël dès qu’elles seraient terminées. Il ne les quitterait plus alors, il resterait avec eux jusqu’au moment où l’on procéderait au tirage de la loterie, qui devait s’effectuer à trois heures.

Donc, Joël, dès qu’il fut levé, alla trouver sa sœur. Hulda, tout habillée déjà, l’attendait dans sa chambre. Dans le but de la distraire un peu de ses pensées, qui devaient être plus douloureuses encore ce jour-là, Joël lui proposa de se promener jusqu’à l’heure du déjeuner. Hulda, pour ne pas désobliger son frère, accepta l’offre qu’il lui faisait, et tous deux allèrent un peu à l’aventure à travers la ville.