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le numéro 9672.

était-elle due à l’intérêt qui s’attachait à ce tirage, ou provenait-elle de la haute température de cette journée d’été ? Peut-être intérêt et chaleur y contribuaient-ils ? En tout cas, ce n’était pas l’absorption de ces fruits rafraîchissants, de ces « multers », dont il se fait une si grande consommation en Scandinavie, qui eût pu la refroidir !

Le tirage devait commencer à trois heures précises. Il y avait cent lots, divisés en trois séries : 1° quatre-vingt-dix lots de cent à mille marks, d’une valeur totale de quarante-cinq mille marks ; 2° neuf lots de mille à neuf mille marks, également d’une valeur totale de quarante-cinq mille marks ; 3° un lot de cent mille marks.

Contrairement à ce qui se fait ordinairement dans les loteries de ce genre, le grand effet avait été réservé pour la fin. Ce ne devait pas être au premier numéro sortant que serait attribué le gros lot, ce serait au dernier, c’est-à-dire, au centième. De là, une succession d’impressions, d’émotions, de battements de cœur, qui irait toujours croissant. Il va de soi que tout numéro, ayant gagné une fois, ne pouvait gagner une seconde, et serait annulé, s’il venait à ressortir des urnes.

Tout cela était connu du public. Il n’y avait plus qu’à attendre l’heure fixée. Mais, pour tromper les longueurs de l’attente, on causait, et, le plus souvent, de la touchante situation de Hulda Hansen. Vraiment, si elle eût encore possédé le billet de Ole Kamp, chacun aurait fait des vœux pour elle — après soi, bien entendu !

À ce moment, quelques personnes avaient déjà connaissance de la dépêche publiée par le Morgen-Blad. Elles en parlèrent à leurs voisins. On sut bientôt, dans toute l’assistance, que les recherches de l’aviso n’avaient point abouti. Ainsi donc, il fallait renoncer à retrouver même une épave du Viken. Pas un homme de l’équipage n’avait survécu au naufrage ! Hulda ne reverrait jamais son fiancé !

Un incident vint détourner les esprits. Le bruit se répandit que Sandgoïst s’était décidé à quitter Drammen, et quelques-uns prétendaient l’avoir vu dans les rues de Christiania. Se serait-il donc hasardé à venir dans la salle ! S’il en était ainsi, ce mauvais homme devait s’attendre à un déchaînement