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le numéro 9672.

Hulda eut le pressentiment que ce voyageur ne devait rien apporter d’heureux dans la maison de dame Hansen.

Qu’il fût Norvégien, rien de plus sûr ; mais du type scandinave il avait surtout pris les côtés vulgaires. Son costume de voyage comprenait un chapeau de forme basse à larges bords, un vêtement en drap blanchâtre, veste croisée sur la poitrine, culotte rattachée au genou par l’ardillon d’une courroie de cuir, et, sur le tout, une sorte de pelisse brune, doublée intérieurement de peau de mouton – ce que motivaient les soirées et les nuits très froides encore à la surface des plateaux et dans les vallées du Telemark.

Quant au nom de ce personnage, Hulda ne l’avait pas demandé. Mais elle ne pouvait tarder à l’apprendre, puisqu’il fallait qu’il l’inscrivît sur le livre de l’auberge.

En ce moment, dame Hansen rentra. Sa fille lui annonça l’arrivée d’un voyageur qui avait demandé le meilleur dîner et la meilleure chambre. Quant à savoir s’il prolongerait son séjour à Dal, elle l’ignorait ; il ne s’était point prononcé à cet égard.

« Et il n’a pas dit son nom ? demanda dame Hansen.

– Non, ma mère.

– Ni d’où il venait ?

– Non.

– C’est quelque touriste, sans doute. Il est fâcheux que Joël ne soit pas de retour pour se mettre à sa disposition. Comment ferons-nous s’il demande un guide ?

– Je ne crois pas que ce soit un touriste, répondit Hulda. C’est un homme déjà âgé…

– Si ce n’est point un touriste, que vient-il faire à Dal ? » dit dame Hansen, peut-être plus à elle-même qu’à sa fille, et d’un ton qui dénotait une certaine inquiétude.

À cette question, Hulda ne pouvait répondre, puisque le voyageur n’avait rien fait connaître de ses projets.

Une heure après son arrivée, cet homme entra dans la grande salle qui