« Vraiment, dit-il, cet exercice m’a creusé l’estomac ! Mais j’avouerai volontiers que de prendre par la Maristien, c’était plus qu’imprudent ! Vouloir jouer le rôle de l’infortuné Eystein, quand on pourrait être son père… et même son grand-père !…
– Ah ! vous connaissez la légende ? dit Hulda.
– Si je la connais !… Ma nourrice m’endormait en me la chantant, à l’heureux âge où j’avais encore une nourrice ! Oui, je la connais, ma courageuse fille, et je n’en suis que plus coupable ! – Maintenant, mes amis, Dal est un peu loin pour l’invalide que je suis ! Comment allez-vous me transporter jusque-là ?
– Ne vous inquiétez de rien, monsieur, répondit Joël. Notre kariol nous attend au bas du sentier. Seulement, il y aura trois cents pas à faire…
– Hum ! Trois cents pas !
– En descendant, ajouta la jeune fille.
– Oh ! si c’est en descendant, cela ira tout seul, mes amis, et un bras me suffira…
– Et pourquoi pas deux, répondit Joël, puisque nous en avons quatre à votre service !
– Va pour deux, va pour quatre ! Ça ne me coûtera pas plus cher, n’est-ce pas ?
– Ça ne coûte rien.
– Si ! au moins un remerciement par bras, et je m’aperçois que je ne vous ai point encore remerciés…
– De quoi, monsieur ? répondit Joël.
– Mais tout simplement de ce que vous m’avez sauvé la vie, en risquant la vôtre !…
– Quand vous voudrez ?… dit Hulda, qui se leva pour éviter les compliments.
– Comment donc !… Mais je veux !… D’abord, moi, je veux tout ce qu’on veut que je veuille ! »
Là-dessus, le voyageur régla la petite dépense avec les paysans de la cabane. Puis, soutenu un peu par Hulda, beaucoup par Joël, il commença à