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un billet de loterie.

ne puis pas même me figurer ce qu’eût été une madame Hog : grasse ou maigre, petite ou grande…

– Elle eût été aimable, intelligente et bonne, étant votre femme, répondit Hulda.

– Ah ! vraiment, mademoiselle ! Bon ! Bon ! Je vous crois ! Je vous crois !

– Mais, en apprenant un pareil malheur, vos parents, vos amis, monsieur Sylvius ?… dit Joël.

– Des parents, je n’en ai guère, mon garçon ! Des amis, il paraît que j’en ai un certain nombre, sans compter ceux que je viens de me faire dans la maison de dame Hansen, et vous leur avez évité la peine de me pleurer ! – À propos, dites-moi, mes enfants, vous pourrez bien me garder quelques jours ici ?

– Tant qu’il vous plaira, monsieur Sylvius, répondit Hulda. Cette chambre vous appartient.

– D’ailleurs, j’avais l’intention de m’arrêter à Dal, comme font les touristes, de manière à pouvoir rayonner de là sur le Telemark… Je ne rayonnerai pas, ou je rayonnerai plus tard, voilà tout !

– Avant la fin de la semaine, monsieur Sylvius, répondit Joël, j’espère que vous serez sur pied.

– Et moi aussi, je l’espère !

– Et alors je m’offre à vous conduire partout où il vous plaira d’aller dans le bailliage.

– Nous verrons cela, Joël ! Nous en reparlerons, quand je ne serai plus à l’état d’écorché ! J’ai encore un mois de congé devant moi, et quand je devrais le passer tout entier dans l’auberge de dame Hansen, je ne serais pas trop à plaindre ! Ne faudra-t-il pas que je visite la vallée du Vestfjorddal entre les deux lacs, que je fasse l’ascension du Gousta, que je retourne au Rjukanfos, car enfin, si j’ai failli y faire un plongeon, je ne l’ai guère vu… et je tiens à le voir !

– Vous y retournerez, monsieur Sylvius, répondit Hulda.

– Et nous y retournerons ensemble avec cette bonne madame Hansen, si