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Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/100

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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

recommanda à ses hommes de prendre le plus grand soin des deux compas, qui lui étaient si nécessaires.

Or, malheureusement, pendant la nuit du 12 au 13 février, tandis que le novice était de quart et tenait la roue du gouvernail, un fâcheux accident se produisit. La boussole renversée, qui était fixée par une virole de cuivre au barrotin de la cabine, se détacha et tomba sur le plancher. On ne s’en aperçut que le lendemain.

Comment cette virole vint-elle à manquer ? c’était assez inexplicable. Il était possible, cependant, qu’elle fût oxydée, et qu’un coup de tangage ou de roulis l’eût détachée du barrotin. Or, précisément, la mer avait été plus dure pendant la nuit. Quoi qu’il en soit, la boussole s’était cassée de manière à ne pouvoir être réparée.

Dick Sand fut très contrarié. Il était réduit, désormais, à s’en rapporter uniquement au compas de l’habitacle. Ce bris de la seconde boussole, personne n’en était responsable, bien évidemment, mais il pouvait avoir des conséquences fâcheuses. Le novice prit donc toutes les mesures pour que le second compas fût à l’abri de tout accident.

Jusqu’alors, sauf cela, tout allait bien à bord du Pilgrim.

Mrs Weldon, à voir le calme de Dick Sand, avait repris confiance. Ce n’était pas qu’elle se fût jamais abandonnée au désespoir. Avant tout, elle comptait sur la bonté de Dieu. Aussi, en sincère et pieuse catholique, elle se réconfortait par la prière.

Dick Sand s’était arrangé de manière à rester à la barre pendant la nuit. Il dormait cinq ou six heures, le jour, et cela paraissait lui suffire, puisqu’il ne se sentait pas trop fatigué. Pendant ce temps, Tom ou son fils Bat le remplaçaient à la roue du gouvernail, et, grâce à ses conseils, ils devenaient peu à peu de passables timoniers.

Souvent, Mrs Weldon et le novice causaient ensemble. Dick Sand prenait volontiers conseil de cette femme intelligente et courageuse. Chaque jour, il lui montrait sur la carte du bord le chemin parcouru, qu’il relevait à l’estime, en tenant uniquement compte de la direction et de la vitesse du navire.

« Voyez, mistress Weldon, lui répétait-il souvent, avec ces vents portants, nous ne pouvons manquer d’atteindre le littoral de l’Amérique méridionale. Je ne voudrais pas l’affirmer, mais je crois bien que, lorsque notre bâtiment arrivera en vue de terre, il ne sera pas loin de Valparaiso ! »

Mrs Weldon ne pouvait douter que la direction du bâtiment ne fût bonne, favorisée surtout par ces vents de nord-ouest. Mais combien le Pilgrim lui sem-