« Sans doute, les indigènes ne sont pas loin !
— En effet, répondit Harris, et cependant…
— Cependant ?… répéta Dick Sand, qui regarda Harris bien en face.
— Nous devrions être tout près de l’hacienda, reprit Harris en hésitant, et je ne reconnais pas…
— Vous êtes-vous donc égaré ? demanda vivement Dick Sand.
— Égaré, non… L’hacienda ne doit pas être à plus de trois milles, maintenant. Mais j’ai voulu prendre par le plus court, à travers la forêt, et j’ai peut-être eu tort !
— Peut-être, répondit Dick Sand.
— Je ferais bien, je pense, d’aller en avant, dit Harris.
— Non, monsieur Harris, ne nous séparons pas, répondit Dick Sand d’un ton décidé.
— Comme vous voudrez ! reprit l’Américain. Mais, pendant la nuit, il me sera difficile de vous guider.
— Qu’à cela ne tienne ! répondit Dick Sand. Nous allons faire halte. Mrs Weldon consentira à passer une dernière nuit sous les arbres, et demain, lorsqu’il fera grand jour, nous nous remettrons en route ! Deux ou trois milles encore, ce sera l’affaire d’une heure !
— Soit », répondit Harris.
En ce moment, Dingo fit entendre des aboiements furieux.
« Ici, Dingo, ici ! cria Dick Sand. Tu sais bien qu’il n’y a personne, et que nous sommes dans le désert ! »
Cette dernière halte fut donc décidée. Mrs Weldon laissa faire ses compagnons sans prononcer une parole. Son petit Jack, assoupi par la fièvre ; reposait entre ses bras.
On chercha le meilleur emplacement pour y passer la nuit.
Ce fut sous un large bouquet d’arbres que Dick Sand songea à tout disposer pour la couchée. Mais le vieux Tom, qui s’occupait avec lui de ces préparatifs, s’arrêta tout à coup, s’écriant :
« Monsieur Dick ! Voyez ! voyez !
— Qu’y a-t-il, mon vieux Tom ? demanda Dick Sand, du ton calme d’un homme qui s’attend à tout.
— Là… Là… fit Tom… sur ces arbres… des taches de sang !… Et… à terre… des membres mutilés !… »
Dick Sand se précipita vers l’endroit que désignait le vieux Tom. Puis, revenant à lui :