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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

des cavités latérales, et dont la tête seule dépassait la couche d’eau. Mrs Weldon, Jack, cousin Bénédict étaient resserrés dans le dernier étage d’alvéoles.

Dick Sand entama la paroi, et sa baguette s’enfonça rapidement à travers l’argile. En cet endroit, la paroi, plus épaisse, plus dure aussi, fut moins facile à percer. Dick Sand se hâtait, non sans une terrible anxiété, car, par cette étroite ouverture, ou c’était la vie qui allait pénétrer avec l’air, ou avec l’eau, c’était la mort !

Soudain, un sifflement aigu se fit entendre. L’air comprimé s’échappa… mais un rayon de jour filtra à travers la paroi. L’eau monta de huit pouces seulement, et s’arrêta sans que Dick Sand eût besoin de refermer ce trou. L’équilibre était fait entre le niveau du dedans et celui du dehors. Le sommet du cône émergeait. Mrs Weldon et ses compagnons étaient sauvés !

Aussitôt, après un hurrah frénétique dans lequel domina la tonnante voix d’Hercule, les coutelas se mirent à l’œuvre. La calotte, vivement attaquée, s’émietta peu à peu. Le trou s’élargit, l’air pur entra à flots, et avec lui se glissèrent les premiers rayons du soleil levant. Le cône une fois décalotté, il serait facile de se hisser sur sa paroi, et on aviserait au moyen d’atteindre quelque prochaine hauteur, à l’abri de toute inondation.

Dick Sand monta le premier au sommet du cône…

Un cri lui échappa.

Ce bruit particulier, trop connu des voyageurs africains, que font les flèches en sifflant, passa dans l’air.

Dick Sand avait eu le temps d’apercevoir, à cent pas de la fourmilière, un campement, et à dix pas du cône, sur la plaine inondée, de longues barques chargées d’indigènes.

C’est de l’une de ces barques qu’était partie la nuée de flèches, au moment où la tête du jeune novice se montrait hors du trou.

Dick Sand, d’un mot, avait tout dit à ses compagnons. Saisissant son fusil, suivi d’Hercule, d’Actéon, de Bat, il reparut au sommet du cône, et tous firent feu sur l’une des embarcations.

Plusieurs indigènes tombèrent, et des hurlements, accompagnés de coups de fusils, répondirent à la détonation des armes à feu.

Mais que pouvaient Dick Sand et ses compagnons contre une centaine d’Africains qui les entouraient de toutes parts !

La fourmilière fut assaillie. Mrs Weldon, son enfant, cousin Bénédict, tous en furent brutalement arrachés, et, sans avoir eu le temps ni de s’adresser la parole,