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VII

descente de police.


Deux heures après, une voiture courait à toute vitesse sur la route de Pernau. Ce n’était ni une télègue ni une malle-poste. La berline de voyage de M. Frank Johausen avait été attelée de chevaux de poste qu’elle devait changer aux relais. Si rapidement qu’elle fût conduite, on ne pouvait compter qu’elle arriverait au kabak de la Croix-Rompue avant la nuit. Elle ferait halte au dernier relais, et, le lendemain, dès le point du jour, elle s’arrêterait à l’auberge.

Dans la berline avaient pris place le banquier, le major Verder, le docteur Hamine pour les constatations, le juge Kerstorf, qui allait être chargé de l’instruction de cette affaire, et le greffier. Deux agents de la police occupaient le siège de derrière.

Un mot sur le juge Kerstorf, puisque les autres personnages ont déjà figuré dans ce récit et sont connus suffisamment.

Ce magistrat, âgé de cinquante ans environ, était justement apprécié de ses collègues et du public. On ne pouvait qu’admirer sa perspicacité, sa finesse, dans les causes criminelles qui relevaient de ses fonctions. D’une intégrité absolue, il ne subissait jamais aucune influence, il était inaccessible à toute pression, d’où qu’elle vînt, et la politique ne lui dictait jamais ses conclusions. C’était la loi faite homme. Peu communicatif, très réservé, il ne parlait guère et réfléchissait beaucoup.

Ainsi, dans cette affaire, il y avait, comme on dit en physique,