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un drame en livonie.

médico-légales sur le cadavre de Poch. Il attendrait cet examen pour se prononcer. Mais, en ce moment, il avait un tout autre sujet de préoccupation, d’inquiétude même. En effet, la veille, lorsqu’il était allé faire sa visite quotidienne au professeur, celui-ci ne se trouvait plus à la maison. Il avait appris d’Ilka que son père était en voyage. Ce jour-là, Nicolef, qu’elle n’avait même pas vu avant son départ, lui avait fait savoir qu’il quittait Riga pour deux ou trois jours. Où allait-il ?… Nulle explication à cet égard. Ce voyage était-il projeté de la veille ?… Évidemment, puisque Nicolef n’avait reçu aucune lettre depuis sa rentrée au logis.

Et, cependant, il n’en avait parlé ni à sa fille, ni au docteur, ni au consul pendant la soirée. Leur avait-il paru plus préoccupé que d’habitude ?… Peut-être, mais, à un homme si renfermé, on ne demandait guère le sujet de ses préoccupations. Ce qui était certain, c’est que le lendemain, dès les premières heures, il prévenait Ilka par un petit mot, puis, se mettait en route, sans indiquer le but de son voyage. Le docteur Hamine avait donc laissé Ilka Nicolef visiblement inquiète, et lui-même partageait cette inquiétude.

La berline filait au grand trot. Un homme à cheval, envoyé en avant, prenait des mesures pour que les attelages fussent toujours préparés aux relais. Donc, pas de temps perdu, et, si l’on eût quitté Riga trois heures plus tôt, l’enquête aurait pu commencer le jour même.

L’air était sec, un peu froid. Sous une légère brise du nord-est la bourrasque de la veille avait cessé. Seulement la grande route, si effroyablement battue par les rafales, obligeait les chevaux à de grands efforts.

À mi-chemin, une demi-heure fut accordée aux voyageurs pour leur déjeuner. Ils s’attablèrent dans une assez modeste auberge du relais, et repartirent aussitôt.