reconnu tant je prenais de précautions pour ne point l’être ? »
Il y a lieu de l’observer, toute cette argumentation avait été émise par Dimitri Nicolef avec une singulière possession de lui-même, qui n’était pas exempte d’un certain dédain. Mais il dut être plus que surpris lorsqu’il entendit cette réplique du magistrat :
« Si Poch et Broks n’ont pu savoir qui vous étiez, monsieur Nicolef, il est un autre témoin qui vous a reconnu, lui…
— Un autre témoin ?…
— Oui… et dont vous allez entendre la déposition. »
Et le magistrat, s’adressant à un agent, lui dit :
« Introduisez ici le brigadier Eck. »
Un instant après, le brigadier entrait dans le cabinet, faisant à son chef le salut militaire, attendant d’être interrogé par M. Kerstorf.
« Vous êtes le brigadier de police Eck, de la sixième escouade ?… » demanda le juge.
Le brigadier déclina ses nom et qualités, tandis que Dimitri Nicolef le regardait comme quelqu’un qu’il aurait vu pour la première fois.
« Le 13 avril dernier, reprit le juge, dans la soirée, ne vous trouviez-vous pas dans le kabak de la Croix-Rompue ?…
— En effet, monsieur le juge, j’y étais, au retour d’une expédition le long de la Pernova, à la recherche d’un fugitif qui nous a échappé en se jetant à travers la débâcle de cette rivière. »
À cette réponse, Dimitri Nicolef ne put retenir un mouvement que surprit M. Kerstorf.
Toutefois, le juge ne fit aucune observation, et, s’adressant au brigadier :
« Faites votre déposition », dit-il.
Le brigadier s’exprima en ces termes :
« Depuis deux heures environ, j’étais avec un de mes agents