Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XII

wladimir yanof.


Que l’on veuille bien se reporter de quinze jours en arrière au début de ce drame.

Un homme vient d’apparaître sur la rive orientale du lac Peipous. Pendant la nuit, il s’est jeté à travers les glaçons dont la surface du lac est hérissée. Une ronde de douaniers, croyant suivre la piste de quelque fraudeur, s’est lancée sur ses traces, et, au moment où il se dissimulait entre les blocs, elle a fait feu sur lui. Cet homme n’a pas été atteint et a pu se réfugier dans une hutte de pêcheurs, où il a passé la journée. Puis, le soir venu, il s’est remis en marche, a dû fuir devant une bande de loups, n’a trouvé d’abri que dans un moulin d’où un brave meunier a favorisé son évasion. Enfin, poursuivi par l’escouade du brigadier Eck, c’est miracle s’il a pu lui échapper en se jetant sur les glaçons en dérive de la Pernova. C’est miracle aussi s’il n’a pas péri dans la débâcle, et s’il lui a été possible de séjourner à Pernau sans y être découvert.

Wladimir Yanof est le fils de Michel Yanof, un vieil ami de Dimitri Nicolef, qui, avant de mourir, lui a confié toute sa fortune. Ce dépôt sacré de vingt mille roubles en billets d’État devait être remis à Wladimir Yanof, lorsque le proscrit reviendrait dans son pays natal, s’il lui était jamais donné d’y revenir.

En effet, on sait à la suite de quelle affaire politique il a été envoyé au fond de la Sibérie orientale dans les salines de