voix que l’on sentait impitoyable. Dès demain nous le ferons exécuter. »
Wladimir Yanof, prévenu par un des garçons de bureau que MM. Johausen étaient prêts à la recevoir, entra aussitôt. La conversation s’engagea en ces termes :
« Messieurs, dit Wladimir, je suis venu à propos d’une créance que vous avez sur Dimitri Nicolef, créance échue ce jour, et pour laquelle vous lui avez adressé une assignation…
— En effet, Monsieur, répondit Frank Johausen.
— Cette créance, reprit Wladimir, est de dix-huit mille roubles en principal et intérêts…
— En effet… dix-huit mille.
— Et elle constitue le solde des engagements que M. Dimitri Nicolef a pris envers vous à la mort de son père…
— Exactement, répondit Frank Johausen, mais nous ne pouvons admettre aucun délai…
— Qui vous le demande, Messieurs ?… répliqua d’un ton hautain Wladimir.
— Ah ! fit l’aîné des deux frères. Comme nous devions être remboursés avant midi…
— Vous le serez avant six heures, voilà tout, et je ne pense pas que votre maison ait été sur le point de suspendre ses paiements à cause de ce retard.
— Monsieur !… s’écria Frank Johausen, dont ces paroles ironiques et froides excitaient la colère. Apportez-vous donc cette somme de dix-huit mille roubles ?…
— La voici ! répondit Wladimir, qui tendit la liasse de billets de banque. Où sont les titres de créance ? »
MM. Johausen, non moins surpris qu’irrités, ne répondirent pas. L’un d’eux alla vers le coffre-fort placé dans un angle du cabinet, il ouvrit un portefeuille à fermoir, des plis duquel il retira l’obligation et la posa sur la table.