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coups sur coups.

vous m’aviez apportés… et je suis allé à la maison de banque…

— Tu as fait cela… tu as fait cela !… s’écria Nicolef, qui ouvrit les bras au jeune homme… Pourquoi l’as-tu fait ?… C’est ta seule fortune !… Ton père ne te l’a pas laissée pour qu’elle serve à payer les dettes du mien !…

— Dimitri… répondit Wladimir en baissant la voix, ces billets que j’ai remis à MM. Johausen… ce sont les billets mêmes qui ont été volés dans le portefeuille de Poch, à l’auberge de la Croix-Rompue et dont la banque avait les numéros…

— Les billets… les billets !…

Et, en répétant ces mots, Nicolef, qui venait de se lever, poussa un cri terrible, qui fut entendu de toute la maison.

Presque aussitôt la porte du cabinet s’ouvrit.

Ilka et Jean parurent.

En voyant dans quel état se montrait l’infortuné, tous deux se précipitèrent vers lui, tandis que Wladimir, à l’écart, cachait sa tête entre ses mains.

Ni le frère, ni la sœur ne songeaient à demander une explication. Avant tout, secourir leur père qui suffoquait. Ils le forcèrent à se rasseoir, et, d’ailleurs, il ne pouvait plus se tenir debout. Et, de sa bouche, s’échappaient ces mots :

« Billets volés… billet volés !…

— Mon père… s’écria la jeune fille, qu’y a-t-il ?…

— Wladimir, demanda Jean, qu’est-il arrivé ?… Est-ce que la folie… »

Nicolef se releva et, allant à Wladimir, il lui saisit les mains, il les écarta de sa figure. Puis d’une voix étranglée, après l’avoir forcé à le regarder en face :

« Ces billets que tu avais reçus de moi… ces billets que tu as portés à la banque Johausen… ces billets sont ceux qui ont été volés dans le portefeuille de Poch, de Poch assassiné ?

— Oui ! dit Wladimir.