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un drame en livonie.

abandonné, et il fonctionnait lorsque la brise était suffisante pour actionner ses ailes. Par suite, d’un instant à l’autre, le meunier ne viendrait-il pas les orienter ?…

En ces conditions, il eût été imprudent de demeurer à l’étage inférieur, et mieux valait regagner le galetas pour y prendre quelques heures de sommeil. En effet, on aurait risqué d’être surpris. Les deux portes qui donnaient accès dans le moulin étaient fermées au moyen d’un simple loquet, et n’importe qui, en quête d’un refuge, si la pluie recommençait, pouvait chercher abri dans ce moulin. D’ailleurs, le vent fraîchissait, et le meunier ne tarderait pas à venir.

L’homme se hissa par l’escalier de bois, en jetant un dernier regard par les meurtrières de la paroi, atteignit le galetas, et, la fatigue l’emportant, il tomba dans un profond sommeil.

Quelle heure était-il lorsqu’il se réveilla ?… Quatre heures environ. Il faisait grand jour. Cependant le moulin était toujours au repos.

Une heureuse chance voulut qu’en se redressant, bien qu’à demi engourdi par le froid, le fugitif fût ménager de ses mouvements en s’étirant les membres, ce qui le sauva d’un grand danger.

En effet, son oreille perçut tout d’abord quelques paroles échangées à l’étage inférieur, plusieurs personnes causant non sans une certaine animation. Ces personnes étaient entrées une demi-heure avant qu’il ne se réveillât, et il eût été découvert si elles étaient montées au galetas.

L’homme se garda de remuer.

Étendu sur le plancher, il prêta l’oreille à ce qui se disait au-dessous de lui.

Dès les premiers mots, la qualité des individus qui se trouvaient là lui fut révélée. Il comprit aussitôt à quel péril il aurait échappé, s’il y échappait, c’est-à-dire s’il parvenait à quitter le