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slaves et germains.

de modifier ce déplorable état de choses, que son gouvernement cherche à introduire l’élément slave dans les assemblées et les administrations municipales.

De là, une lutte dont on verra les terribles effets au cours de ce récit.

Le principal directeur de la maison de banque était l’aîné des deux frères, Frank Johausen.

Le cadet était célibataire. L’aîné, âgé de quarante-cinq ans, avait épousé une Allemande de Francfort. Il était père de deux enfants, un fils, Karl, entré dans sa dix-neuvième année, et une fillette de douze ans. Karl achevait alors ses études à l’Université de Dorpat, où Jean, le fils de Dimitri Nicolef, allait bientôt terminer les siennes.

Riga, dont la fondation remonte au treizième siècle, est, il convient de le répéter, une cité plus germaine que slave. On reconnaîtrait cette origine jusque dans ses maisons aux toits élevés, aux pignons sur rue construits en gradins, bien que certains édifices affectent les formes de l’architecture byzantine par leurs dispositions étranges et leurs coupoles aux couleurs d’or.

Riga est maintenant une ville ouverte. Sa place principale est celle de l’hôtel municipal, où l’on peut admirer, d’un côté, le Rathaus, qui est la maison du Conseil, surmontée d’un haut clocher à grosses boules, et, de l’autre, l’antique monument des Chevaliers de la Tête-Noire, hérissé de clochetons pointus dont les girouettes grincent lamentablement, et qui présente un aspect architectural plus bizarre qu’artistique.

C’est sur cette place qu’est installée la banque Johausen, un assez bel édifice de construction moderne. Ses bureaux sont au rez-de-chaussée ; ses appartements de réception occupent le premier étage. Elle est donc située en plein quartier commerçant. Grâce à l’importance de ses affaires, à l’étendue de ses relations, elle