Page:Verne - Un neveu d’Amérique, ou Les deux Frontignac, 1873.djvu/21

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Frontignac.

Eh ! parbleu oui ! mais l’égoïsme n’est-il pas partout ? L’amour, égoïsme à deux ; la paternité, égoïsme à trois, à quatre, à cinquante comme dans la maison du vieux Priam ; la philanthropie, égoïsme sans limites ; l’amitié, égoïsme sans dividende notre pauvre nature n’a qu’une maigre somme d’affection à dépenser, divisez-la entre une femme, des enfants, une maîtresse, un petit cousin. Ah ! la jolie part que chacun aura. Au contraire, quelle plus belle position que celle d’orphelin et d’orphelin garçon ! Rien au-dessus, rien au-dessous. Pas de grands parents trop lents, pas de parents trop pressés. Ni passé, ni avenir ! Du présent !

Évelina.

Il est charmant !

Roquamor, à part.

Voilà un monsieur que je surveillerai. (on entend la ritournelle d’une valse.)

Antonia.

Ah ! voici une valse qui nous réclame. Messieurs… (On se lève.)

Frontignac, à Madeleine.

Votre jugement est-il donc sans appel, mademoiselle ?

Madeleine.

Sans appel.

Antonia.

Eh bien, venez toujours, ma chère enfant, cela vous distraira de regarder danser les autres.

Roquamor.

Je ne serais pas fâché de voir un peu comment on danse chez moi.