Page:Verne - Un neveu d’Amérique, ou Les deux Frontignac, 1873.djvu/77

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Frontignac.

Trop innocente !

Antonia.

Mais dont le post-scriptum pourrait me compromettre, si elle tombait entre les mains de Roquamor. Mon mari est jaloux, soupçonneux. J’ai la conviction qu’il me surveille, qu’il m’épie.

Frontignac.

Eh ! quoi ! il vous fait cette injure et vous ne vous vengeriez pas ! Oh ! ne retirez pas cette main adorable, cette première page du livre si délicieux à feuilleter.

Antonia.

Ne feuilletez pas, monsieur, je vous en prie. Eh bien, cette lettre, je viens vous la redemander.

Frontignac.

Jamais, madame, jamais ! (À part.) Elle me coûte assez cher !

Antonia.

C’est à un galant homme que je m’adresse.

Frontignac.

Et vous croyez avoir tout dit quand vous avez dit cela. Cette lettre qui porte la trace de mes baisers, cette lettre que je relis chaque jour. (À part.) Ou diable puis-je bien l’avoir fourrée ? (Haut.) Cette lettre, ma seule consolation dans ma solitude, mon sang, ma vie… vous avez le courage de me la redemander ?

Antonia.

Du calme !

Frontignac.

Antonia !