trente-sept toises, pour la mesure d’un degré du méridien au Cap de Bonne-Espérance.
Il fut donc décidé que l’opération géodésique serait pratiquée au Cap. Les deux gouvernements approuvèrent la décision de la commission anglo-russe. Des crédits importants furent ouverts. Tous les instruments nécessaires à une triangulation furent fabriqués en double. L’astronome William Emery fut invité à faire les préparatifs d’une exploration dans l’intérieur de l’Afrique australe. La frégate Augusta, de la marine royale, reçut l’ordre de transporter à l’embouchure du fleuve Orange, les membres de la commission et leur suite.
Il convient aussi d’ajouter qu’à côté de la question scientifique, il y avait une question d’amour-propre national qui exaltait ces savants réunis dans une œuvre commune. Il s’agissait, en effet, de surpasser la France dans ses évaluations numériques, de vaincre en précision les travaux de ses plus illustres astronomes, et cela au milieu d’un pays sauvage et presque inconnu. Aussi les membres de la commission anglo-russe étaient-ils décidés à tout sacrifier, même leur vie, pour obtenir un résultat favorable à la science et en même temps glorieux pour leur pays.
Et voilà pourquoi, dans les derniers jours de janvier 1854, l’astronome William Emery se trouvait aux chutes de Morgheda, sur les rives du fleuve Orange.
CHAPITRE V
une bourgade hottentote.
Le voyage sur le cours supérieur du fleuve s’accomplit rapidement. Le temps, cependant, ne tarda pas à devenir pluvieux ; mais les passagers, confortablement installés dans la chambre de la chaloupe, n’eurent aucunement à souffrir des pluies torrentielles, très communes pendant cette saison. Le Queen and Tzar filait rapidement. Il ne rencontrait ni rapides ni hauts-fonds, et le courant n’était pas assez fort pour ralentir sa marche.
Les rives de l’Orange offraient toujours le même aspect enchanteur. Les forêts d’essences variées se succédaient sur ses bords, et tout un monde d’oiseaux en habitait les cimes verdoyantes. Çà et là se groupaient des arbres appartenant à la famille des protéacées, et particulièrement des « wagen-