« Mais, dis-je, n’est-il pas à craindre que cette pression toujours croissante ne soit très-pénible ?
— Non. Nous descendrons lentement, et nos poumons s’habitueront à respirer une atmosphère plus comprimée. Les aéronautes finissent par manquer d’air en s’élevant dans les couches supérieures, et nous en aurons trop peut-être. Mais j’aime mieux cela. Ne perdons pas un instant. Où est le paquet qui nous a précédés dans l’intérieur de la montagne ?
Je me souvins alors que nous l’avions vainement cherché la veille au soir. Mon oncle interrogea Hans, qui, après avoir regardé attentivement avec ses yeux de chasseur, répondit :
« Der huppe ! »
— Là-haut. »
En effet, ce paquet était accroché à une saillie de roc, à une centaine de pieds au-dessus de notre tête. Aussitôt l’agile Islandais grimpa comme un chat, et, en quelques minutes, le paquet nous rejoignit.
« Maintenant, dit mon oncle, déjeunons, mais déjeunons comme des gens qui peuvent avoir une longue course à faire. »
Le biscuit et la viande sèche furent arrosés de quelques gorgées d’eau mêlée de genièvre.
Le déjeuner terminé, mon oncle tira de sa poche un carnet destiné aux observations ; il prit successivement ses divers instruments et nota les données suivantes :
- Chronomètre : 8 h. 17 m. du matin.
- Baromètre : 29 p. 7 l.
- Thermomètre : 6°.
- Direction : E.-S.-E.
Cette dernière observation s’appliquait à la galerie obscure et fut indiquée par la boussole.
« Maintenant, Axel, s’écria le professeur d’une voix enthousiaste, nous allons nous enfoncer véritablement dans les entrailles du globe ! Voici donc le moment précis auquel notre voyage commence. »
Cela dit, mon oncle prit d’une main l’appareil de Ruhmkorff suspendu à son cou ; de l’autre, il mit en communication le courant électrique avec le serpentin de la lanterne, et une assez vive lumière dissipa les ténèbres de la galerie.