Page:Verne - Voyage au centre de la Terre.djvu/187

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la grosseur d’une bombe de dix pouces, se promène lentement, en tournant avec une surprenante vitesse sous la lanière de l’ouragan. Elle vient ici, là, monte sur un des bâtis du radeau, saute sur le sac aux provisions, redescend légèrement, bondit, effleure la caisse à poudre. Horreur ! Nous allons sauter ! Non. Le disque éblouissant s’écarte ; il s’approche de Hans, qui le regarde fixement ; de mon oncle, qui se précipite à genoux pour l’éviter ; de moi, pâle et frissonnant sous l’éclat de la lumière et de la chaleur ; il pirouette près de mon pied, que j’essaye de retirer. Je ne puis y parvenir.

Une odeur de gaz nitreux remplit l’atmosphère ; elle pénètre le gosier, les poumons. On étouffe.

Pourquoi ne puis-je retirer mon pied ? Il est donc rivé au radeau ! Ah ! la chute de ce globe électrique a aimanté tout le fer du bord ; les instruments, les outils, les armes s’agitent en se heurtant avec un cliquetis aigu ; les clous de ma chaussure adhèrent violemment à une plaque de fer incrustée dans le bois. Je ne puis retirer mon pied !

Enfin, par un effort violent, je l’arrache au moment où la boule allait le saisir dans son mouvement giratoire et m’entraîner moi-même, si…

Ah ! quelle lumière intense ! le globe éclate ! nous sommes couverts par des jets de flammes !

Puis tout s’éteint. J’ai eu le temps de voir mon oncle étendu sur le radeau, Hans toujours à sa barre et « crachant du feu » sous l’influence de l’électricité qui le pénètre !

Où allons-nous ? où allons-nous ?

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Mardi 25 août. — Je sors d’un évanouissement prolongé. L’orage continue ; les éclairs se déchaînent comme une couvée de serpents lâchée dans l’atmosphère.

Sommes-nous toujours sur la mer ? Oui, emportés avec une vitesse incalculable. Nous avons passé sous l’Angleterre, sous la Manche, sous la France, sous l’Europe entière, peut-être !

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Un bruit nouveau se fait entendre ! Évidemment, la mer qui se brise sur des rochers !… Mais alors…

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