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LES ANGLAIS AU POLE NORD

tard, Mac Clure, qui franchit le passage du nord-ouest, Mac Clintock, qui découvrit les restes de Franklin.

— Deux bons et braves capitaines aujourd’hui, deux braves Anglais ; continuez, docteur, l’histoire de ces mers que vous possédez si bien ; il y a toujours à gagner aux récits de ces tentatives audacieuses.

— Eh bien, pour en finir avec James Ross, j’ajouterai qu’il essaya de gagner l’île Melville plus à l’ouest ; mais il faillit perdre ses navires, et, pris par les glaces, il fut ramené malgré lui jusque dans la mer de Baffin.

— Ramené, fit Hatteras en fronçant le sourcil, ramené malgré lui !

— Il n’avait rien découvert, reprit le docteur ; ce fut à partir de cette année 1850 que les navires anglais ne cessèrent de sillonner ces mers, et qu’une prime de vingt mille livres[1] fut promise à toute personne qui découvrirait les équipages de l’Erebus et du Terror. Déjà, en 1848, les capitaines Kellet et Moore, commandant l’Hérald et le Plover, tentaient de pénétrer par le détroit de Behring. J’ajouterai que, pendant les années 1850 et 1851, le capitaine Austin hiverna à l’île Cornwallis, le capitaine Penny explora, sur l’Assistance et la Résolue, le canal Wellington, le vieux John Ross, le héros du pôle magnétique, repartit sur son yacht le Félix à la recherche de son ami, le brick le Prince-Albert fit un premier voyage aux frais de Lady Franklin, et enfin que deux navires américains expédiés par Grinnel avec le capitaine Haven, entraînés hors du canal Wellington, furent rejetés dans le détroit de Lancastre. Ce fut pendant cette année que Mac Clintock, alors lieutenant d’Austin, poussa jusqu’à l’île Melville et au cap Dundas, points extrêmes atteints par Parry en 1819, et que l’on trouva à l’île Beechey des traces de l’hivernage de Franklin en 1845.

— Oui, répondit Hatteras, trois de ses matelots y avaient été inhumés, trois hommes plus chanceux que les autres !

— De 1851 à 1852, continua le docteur, en approuvant du geste la remarque d’Hatteras, nous voyons le Prince-Albert entreprendre un second voyage avec le lieutenant français Bellot ; il hiverne à Batty-Bay dans le détroit du Prince Régent, explore le sud-ouest de Sommerset, et en reconnaît la côte jusqu’au cap de Walker. Pendant ce temps, l’Entreprise et l’Investigator, de retour en Angleterre, passaient sous le commandement de Collinson et de Mac Clure, et rejoignaient Kellet et Moore au détroit de Behring ; tandis que Collinson revenait hiverner à Hong-Kong, Mac Clure marchait en avant, et, après trois hivernages, de 1850 à 1851, de 1851 à 1852, de 1852 à 1853, il découvrit le passage du

  1. 500,000 francs.