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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

la côte ouest était suivi d’une profonde courbure de la terre. En consultant sa carte, le docteur reconnut la pointe de Sommerset-House ou pointe Fury.

« Voilà, dit-il à son interlocuteur habituel, l’endroit même où se perdit le premier navire anglais envoyé dans ces mers en 1815, pendant le troisième voyage que Parry faisait au pôle ; la Fury fut tellement maltraitée par les glaces à son second hivernage, que l’équipage dut l’abandonner et revenir en Angleterre sur sa conserve l’Hecla.

— Avantage évident d’avoir un second navire, répondit Johnson ; c’est une précaution que les navigateurs polaires ne doivent pas négliger ; mais le capitaine Hatteras n’était pas homme à s’embarrasser d’un compagnon !

— Est-ce que vous le trouvez imprudent, Johnson ? demanda le docteur.

— Moi ? je ne trouve rien, monsieur Clawbonny. Tenez, voyez sur la côte ces pieux qui soutiennent encore quelques lambeaux d’une tente à demi pourrie.

— Oui, Johnson ; c’est là que Parry débarqua tous les approvisionnements de son navire, et, si ma mémoire est fidèle, le toit de la maison qu’il construisit était fait d’un hunier recouvert par les manœuvres courantes de la Fury.

— Cela a dû bien changer depuis 1825.

— Mais pas trop, Johnson. En 1829, John Ross trouva la santé et le salut de son équipage dans cette fragile demeure. En 1851, lorsque le prince Albert y envoya une expédition, cette maison subsistait encore ; le capitaine Kennedy la fit réparer, il y a neuf ans de cela. Il serait intéressant pour nous de la visiter ; mais Hatteras n’est pas d’humeur à s’arrêter !

— Et il a sans doute raison, monsieur Clawbonny ; si le temps est l’argent en