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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

teur se prit donc à considérer attentivement la surface de la mer, et la prédiction du harponneur ne tarda pas à se vérifier. La voix de Foker se fit entendre au haut du mât.

« Une baleine, cria-t-il, sous le vent à nous ! »

Tous les regards se portèrent dans la direction indiquée ; une trombe peu élevée qui jaillissait de la mer fut aperçue à un mille du brick.

« La voilà ! la voilà ! s’écria Simpson, que son expérience ne pouvait tromper.

— Elle a disparu, répondit le docteur.

— On saurait bien la retrouver, si cela était nécessaire, » dit Simpson avec un accent de regret.

Mais, à son grand étonnement, et bien que personne n’eût osé le demander, Hatteras donna l’ordre d’armer la baleinière ; il n’était pas fâché de procurer cette distraction à son équipage, et même de recueillir quelques barils d’huile. Cette permission de chasse fut donc accueillie avec satisfaction.

Quatre matelots prirent place dans la baleinière ; Johnson, à l’arrière, fut chargé de la diriger ; Simpson se tint à l’avant, le harpon à la main. On ne put empêcher le docteur de se joindre à l’expédition. La mer était assez calme. La baleinière déborda rapidement, et, dix minutes après, elle se trouvait à un mille du brick.

La baleine, munie d’une nouvelle provision d’air, avait plongé de nouveau ; mais elle revint bientôt à la surface et lança à une quinzaine de pieds ce mélange de vapeurs et de mucosités qui s’échappe de ses évents.

« Là ! là ! » fit Simpson, en indiquant un point à huit cents yards de la chaloupe.

Celle-ci se dirigea rapidement vers l’animal, et le brick, l’ayant aperçu de son côté, se rapprocha en se tenant sous petite vapeur.