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LES ANGLAIS AU POLE NORD

« M’avez-vous entendu ? » s’écria le capitaine d’une voix irritée.

Brunton se dirigea vers l’écoutille ; mais au moment de descendre, il s’arrêta.

« N’y va pas, Brunton, dit une voix.

— Qui a parlé ? s’écria Hatteras.

— Moi ! fit Pen, en s’avançant vers le capitaine.

— Et vous dites ?… demanda celui-ci.

— Je dis…, je dis, répondit Pen en jurant, je dis que nous en avons assez, que nous n’irons pas plus loin, que nous ne voulons pas crever de fatigue et de froid pendant l’hiver, et qu’on n’allumera pas les fourneaux !

— Monsieur Shandon, répondit froidement Hatteras, faites mettre cet homme aux fers.

— Mais, capitaine, répondit Shandon, ce que cet homme a dit…

— Ce que cet homme a dit, répliqua Hatteras, si vous le répétez, vous, je vous fais enfermer dans votre cabine et garder à vue ! — Que l’on saisisse cet homme ! M’entend-on ? »

Johnson, Bell, Simpson se dirigèrent vers le matelot, que la colère mettait hors de lui.

« Le premier qui me touche !… » s’écria-t-il, en saisissant un anspect qu’il brandit au-dessus de sa tête.

Hatteras s’avança vers lui.

« Pen, dit-il d’une voix presque tranquille, un geste de plus, et je te brûle la cervelle ! »

En parlant de la sorte, il arma un revolver et le dirigea sur le matelot.

Un murmure se fit entendre.