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LES ANGLAIS AU POLE NORD

visite ; le travail terminé, cela aura bonne tournure, vous verrez ; nous taillerons dans cette masse de neige deux escaliers, donnant accès l’un à l’avant, l’autre à l’arrière du navire ; une fois les marches taillées au couteau, nous répandrons de l’eau dessus ; cette eau se convertira en une glace dure comme du roc, et nous aurons un escalier royal.

— Parfait, répondit le docteur, et, il faut l’avouer, il est heureux que le froid engendre la neige et la glace, c’est-à-dire de quoi se protéger contre lui. Sans cela, on serait fort embarrassé. »

En effet, le navire était destiné à disparaître sous une couche épaisse de glace, à laquelle il demandait la conservation de sa température intérieure ; un toit fait d’épaisses toiles goudronnées et recouvertes de neige fut construit au dessus du pont sur toute sa longueur ; la toile descendait assez bas pour recouvrir les flancs du navire. Le pont, se trouvant à l’abri de toute impression du dehors, devint un véritable promenoir ; il fut recouvert de deux pieds et demi de neige ; cette neige fut foulée et battue de manière à devenir très-dure ; là, elle faisait encore obstacle au rayonnement de la chaleur interne ; on étendit au-dessus d’elle une couche de sable, qui devint, s’incrustant, un macadamisage d’une grande dureté.

« Un peu plus, disait le docteur, et avec quelques arbres, je me croirais à Hyde-Park, et même dans les jardins suspendus de Babylone. »

On fit un trou à une distance assez rapprochée du brick ; c’était un espace circulaire creusé dans le champ, un véritable puits, qui devait être maintenu toujours praticable ; chaque matin, on brisait la glace formée à l’orifice ; il devait servir à se procurer de l’eau en cas d’incendie, ou pour les bains fréquents or-