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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

« Pendant ce temps, reprit celui-ci, monsieur Clawbonny prendra la peine d’aller jusqu’au traîneau et le ramènera avec les chiens.

— Je suis prêt à partir, répondit le docteur ; dans une heure, je serai de retour.

— L’accompagnez-vous, capitaine ? » ajouta Johnson en se dirigeant vers Hatteras.

Celui-ci, quoique plongé dans ses réflexions, avait entendu la proposition du maître d’équipage, car il lui répondit d’une voix douce :

« Non, mon ami, si le docteur veut bien se charger de ce soin… Il faut qu’avant la fin de la journée une résolution soit prise, et j’ai besoin d’être seul pour réfléchir. Allez. Faites ce que vous jugerez convenable pour le présent. Je songe à l’avenir. »

Johnson revint vers le docteur.

« C’est singulier, lui dit-il, le capitaine semble avoir oublié toute colère ; jamais sa voix ne m’a paru si affable.

— Bien ! répondit le docteur ; il a repris son sang-froid. Croyez-moi, Johnson, cet homme-là est capable de nous sauver ! »

Ces paroles dites, le docteur s’encapuchonna de son mieux, et, le bâton ferré à la main, il reprit le chemin du traîneau, au milieu de cette brume que la lune rendait presque lumineuse.

Johnson et Bell se mirent immédiatement à l’ouvrage ; le vieux marin excitait par ses paroles le charpentier, qui travaillait en silence ; il n’y avait pas à bâtir, mais à creuser seulement un grand bloc ; la glace, très-dure, rendait pénible l’emploi du couteau ; mais, en revanche, cette dureté assurait la solidité de la demeure ; bientôt Johnson et Bell purent travailler à couvert dans leur cavité, rejetant au dehors ce qu’ils enlevaient à la masse compacte.

Hatteras marchait de temps en temps, et s’arrêtait court ; évidemment, il ne voulait pas aller jusqu’à l’emplacement de son malheureux brick.

Ainsi qu’il l’avait promis, le docteur fut bientôt de retour ; il ramenait Alta-