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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

— Sans doute, répliqua le docteur, mais ces animaux sont rares et fuyards ; et puis, il suffit de songer à l’importance du coup de fusil pour que l’œil se trouble et que la main tremble.

— Vous êtes pourtant un habile tireur, dit Bell.

— Oui, quand le dîner de quatre personnes ne dépend pas de mon adresse ; cependant, vienne l’occasion, je ferai de mon mieux. En attendant, mes amis, contentons-nous de ce maigre souper de miettes de pemmican, tâchons de dormir, et dès le matin nous reprendrons notre route. »

Quelques instants plus tard, l’excès de la fatigue l’emportant sur toute autre considération, chacun dormait d’un sommeil assez profond.

Le samedi, de bonne heure, Johnson réveilla ses compagnons ; les chiens furent attelés au traîneau, et celui-ci reprit sa marche vers le nord.

Le ciel était magnifique, l’atmosphère d’une extrême pureté, la température très-basse ; quand le soleil parut au-dessus de l’horizon, il avait la forme d’une ellipse allongée ; son diamètre horizontal, par suite de la réfraction, semblait être double de son diamètre vertical ; il lança son faisceau de rayons clairs, mais froids, sur l’immense plaine glacée. Ce retour à la lumière, sinon à la chaleur, faisait plaisir.

Le docteur, son fusil à la main, s’écarta d’un mille ou deux, bravant le froid et la solitude ; avant de s’éloigner, il avait mesuré exactement ses munitions ; il lui restait quatre charges de poudre seulement et trois balles, pas davantage. C’était peu, quand on considère qu’un animal fort et vivace comme l’ours polaire ne tombe souvent qu’au dixième ou au douzième coup de fusil.

Aussi l’ambition du brave docteur n’allait-elle pas jusqu’à rechercher un si