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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

ses compagnons ne prêtaient plus grande attention ; il avait remarqué, d’ailleurs, que leur apparition était toujours précédée de perturbations de l’aiguille aimantée, et il préparait sur ce sujet des observations destinées au « Weather Book[1] ».

Bientôt, pendant que Bell veillait près du poêle, chacun, étendu sur sa couchette, s’endormit d’un tranquille sommeil.


CHAPITRE X. — LES PLAISIRS DE L’HIVERNAGE.

La vie au pôle est d’une triste uniformité. L’homme se trouve entièrement soumis aux caprices de l’atmosphère, qui ramène ses tempêtes et ses froids intenses avec une désespérante monotonie. La plupart du temps, il y a impossibilité de mettre le pied dehors, et il faut rester enfermé dans les huttes de glace. De longs mois se passent ainsi, faisant aux hiverneurs une véritable existence de taupe.

Le lendemain, le thermomètre s’abaissa de quelques degrés, et l’air s’emplit de tourbillons de neige, qui absorbèrent toute la clarté du jour. Le docteur se vit donc cloué dans la maison et se croisa les bras ; il n’y avait rien à faire, si ce n’est à déboucher toutes les heures le couloir d’entrée, qui pouvait se trouver obstrué, et à repolir les murailles de glace, que la chaleur de l’intérieur rendait humides ;

  1. Livre du temps de l’amiral Fitz-Roy, où sont rapportés tous les faits météorologiques.