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LE DÉSERT DE GLACE

divers, les accidents de météorologie, la température ; il renfermait des chroniques plus ou moins plaisantes ; certes, il ne fallait pas chercher là l’esprit de Sterne ou les articles charmants du Daily-Telegraph ; mais enfin, on s’en tirait, on se distrayait ; les lecteurs n’étaient ni difficiles ni blasés, et jamais, je crois, métier de journaliste ne fut plus agréable à exercer.

— Ma foi, dit Altamont, je serais curieux de connaître des extraits de cette gazette, mon cher docteur ; ses articles devaient être gelés depuis le premier mot jusqu’au dernier.

— Mais non, mais non, répondit le docteur ; en tout cas, ce qui eût paru un peu naïf à la Société philosophique de Liverpool, ou à l’Institution littéraire de Londres, suffisait à des équipages enfouis sous les neiges. Voulez-vous en juger ?

— Comment ! votre mémoire vous fournirait au besoin ?…

— Non, mais vous aviez à bord du Porpoise les voyages de Parry, et je n’ai qu’à vous lire son propre récit.

— Volontiers ! s’écrièrent les compagnons du docteur.

— Rien n’est plus facile. »

Le docteur alla chercher dans l’armoire du salon l’ouvrage demandé, et il n’eut aucune peine à y trouver le passage en question.

« Tenez, dit-il, voici quelques extraits de la Gazette de la Géorgie du Nord. C’est une lettre adressée au rédacteur en chef :

« C’est avec une vraie satisfaction que l’on a accueilli parmi nous vos propositions pour l’établissement d’un journal. J’ai la conviction que sous votre direction il nous procurera beaucoup d’amusements et allégera de beaucoup le poids de nos cent jours de ténèbres.