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LE DÉSERT DE GLACE

« Mes amis, dit-il, profitons de l’absence de cet Américain pour parler de nos affaires ; il y a des choses qui ne peuvent le regarder et dont je ne veux pas qu’il se mêle. »

Les interlocuteurs du capitaine se regardèrent, ne sachant pas où il voulait en venir.

« Je désire, dit-il, m’entendre avec vous sur nos projets futurs.

— Bien, bien, répondit le docteur ; causons, puisque nous sommes seuls.

— Dans un mois, reprit Hatteras, dans six semaines au plus tard, le moment des grandes excursions va revenir. Avez-vous pensé à ce qu’il conviendrait d’entreprendre pendant l’été ?

— Et vous, capitaine ? demanda Johnson.

— Moi, je puis dire que pas une heure de ma vie ne s’écoule, qui ne me trouve en présence de mon idée. J’estime que pas un de vous n’a l’intention de revenir sur ses pas ?… »

Cette insinuation fut laissée sans réponse immédiate.

« Pour mon compte, reprit Hatteras, dussé-je aller seul, j’irai jusqu’au pôle nord ; nous en sommes à trois cent soixante milles au plus. Jamais hommes ne s’approchèrent autant de ce but désiré, et je ne perdrai pas une pareille occasion sans avoir tout tenté, même l’impossible. Quels sont vos projets à cet égard ?