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LE DÉSERT DE GLACE

Altamont se précipita vers les fenêtres, dont il combla les baies avec des morceaux de glace enlevés aux murailles de la maison. Ses compagnons l’imitèrent sans parler ; le silence ne fut interrompu que par les jappements sourds de Duk.

Mais, il faut le dire, ces hommes n’avaient qu’une seule pensée ; ils oubliaient leur propre danger et ne songeaient qu’au docteur. À lui, non à eux. Pauvre Clawbonny ! si bon, si dévoué, l’âme de cette petite colonie ! pour la première fois, il n’était pas là ; des périls extrêmes, une mort épouvantable peut-être l’attendaient, car, son excursion terminée, il reviendrait tranquillement au Fort-Providence et se trouverait en présence de ces féroces animaux.

Et nul moyen pour le prévenir !

« Cependant, dit Johnson, ou je me trompe fort, ou il doit être sur ses gardes ; vos coups de feu répétés ont dû l’avertir, et il ne peut manquer de croire à quelque événement extraordinaire.

— Mais s’il était loin alors, répondit Altamont, et s’il n’a pas compris ? Enfin, sur dix chances, il y en a huit pour qu’il revienne sans se douter du danger ! Les ours sont abrités par l’escarpe du fort, et il ne peut les apercevoir !

— Il faut donc se débarrasser de ces dangereuses bêtes avant son retour, répondit Hatteras.

— Mais comment ? » fit Bell.

La réponse à cette question était difficile. Tenter une sortie paraissait impraticable. On avait eu soin de barricader le couloir, mais les ours pouvaient avoir facilement raison de ces obstacles, si l’idée leur en prenait ; ils savaient à quoi s’en tenir sur le nombre et la force de leurs adversaires, et il leur serait aisé d’arriver jusqu’à eux.

Les prisonniers s’étaient postés dans chacune des chambres de Doctor’s-House afin de surveiller toute tentative d’invasion ; en prêtant l’oreille, ils en-