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LES ANGLAIS AU POLE NORD

cette étrange correspondance, il fit appeler le docteur, James Wall, le maître d’équipage, et il leur montra cette lettre.

« Cela devient particulier, fit Johnson.

— C’est charmant, pensa le docteur.

— Enfin, s’écria Shandon, nous connaîtrons donc ce secret… »

D’une main rapide, il déchira l’enveloppe, et lut ce qui suit :

« Commandant,

« Le capitaine du Forward est content du sang-froid, de l’habileté et du courage que vos hommes, vos officiers et vous, vous avez montrés dans les dernières circonstances ; il vous prie d’en témoigner sa reconnaissance à l’équipage.

« Veuillez vous diriger droit au nord vers la baie Melville, et de là vous tenterez de pénétrer dans le détroit de Smith.

« Le capitaine du Forward,
« K. Z.
« Ce lundi, 30 avril, par le travers du cap Walsingham. »

« Et c’est tout ? s’écria le docteur.

— C’est tout, » répondit Shandon.

La lettre lui tomba des mains.

« Eh bien, dit Wall, ce capitaine chimérique ne parle même plus de venir à bord ; j’en conclus qu’il n’y viendra jamais.

— Mais cette lettre, fit Johnson, comment est-elle arrivée ? »

Shandon se taisait.

« M. Wall a raison, répondit le docteur, qui, ayant ramassé la lettre, la retournait dans tous les sens ; le capitaine ne viendra pas à bord, par une excellente raison…

— Et laquelle ? demanda vivement Shandon.

— C’est qu’il y est déjà, répondit simplement le docteur.

— Déjà ! s’écria Shandon ; que voulez-vous dire ?

— Comment expliquer sans cela l’arrivée de cette lettre ? »

Johnson hochait la tête en signe d’approbation.

« Ce n’est pas possible ! fit Shandon avec énergie. Je connais tous les hommes de l’équipage ; il faudrait donc supposer que ce capitaine se trouvât parmi