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LES ANGLAIS AU POLE NORD

Le docteur voulut aussi, dans le but de compléter son instruction personnelle, visiter une hutte d’Esquimaux ; on ne se figure pas de quoi est capable un savant qui veut savoir ; heureusement, l’ouverture de ces cahutes était trop étroite, et l’enragé ne put y passer. Il l’échappa belle, car rien de plus repoussant que cet entassement de choses mortes ou vivantes, viande de phoque ou chair d’Esquimaux, poissons pourris et vêtements infects, qui meublent une cabane groënlandaise ; pas une fenêtre pour renouveler cet air irrespirable ; un trou seulement au sommet de la hutte, qui livre passage à la fumée, mais ne permet pas à la puanteur de sortir.

Foker donna ces détails au docteur, et ce digne savant n’en maudit pas moins sa corpulence. Il eût voulu juger par lui-même de ces émanations sui generis.

« Je suis sûr, dit-il, que l’on s’y fait, à la longue. »

À la longue peint d’un seul mot le digne Clawbonny.

Pendant les études ethnographiques de ce dernier, Shandon s’occupait, suivant ses instructions, de se procurer des moyens de transport sur les glaces ; il dut payer quatre livres un traîneau et six chiens, et encore les naturels firent des difficultés pour s’en dessaisir.

Shandon eût également voulu engager Hans Christian, l’habile conducteur de chiens, qui fit partie de l’expédition du capitaine Mac Clintock, mais ce Hans se trouvait alors dans le Groënland méridional.

Vint alors la grande question à l’ordre du jour : se trouvait-il à Uppernawik un Européen attendant le passage du Forward ? Le gouverneur avait-il connaissance de ce fait, qu’un étranger, vraisemblablement un Anglais, se fût fixé dans ces parages ? À quelle époque remontaient ses dernières relations avec des navires baleiniers ou autres ?