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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

À un moment où l’ouragan redoubla de violence, le Pouce-du-Diable sembla se dresser démesurément au milieu du brouillard déchiré.

« Grand Dieu ! s’écria Simpson en reculant avec effroi.

— Qu’est-ce donc ? » dit Foker.

Aussitôt les exclamations s’élevèrent de toutes parts.

« Il va nous écraser !

— Nous sommes perdus !

— Monsieur Wall ! monsieur Wall !

— C’est fait de nous !

— Commandant ! commandant ! »

Ces cris étaient simultanément proférés par les hommes de quart.

Wall se précipita vers le gaillard d’arrière ; Shandon, suivi du docteur, s’élança sur le pont et regarda.

Au milieu du brouillard entr’ouvert, le Pouce-du-Diable paraissait s’être subitement rapproché du brick ; il semblait avoir grandi d’une façon fantastique ; à son sommet se dressait un second cône renversé et pivotant sur sa pointe ; il menaçait d’écraser le navire de sa masse énorme ; il oscillait, prêt à s’abattre. C’était un spectacle effrayant. Chacun recula instinctivement, et plusieurs matelots, se jetant sur la glace, abandonnèrent le navire.